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Histoire viticole du Salento

  • Raffael
  • 3 mai
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 mai

Les racines antiques de la viticulture dans le Salento

Dès l'an 1000 avant J.-C., la culture de la vigne était solidement implantée dans le Salento. Elle s'intégrait déjà profondément aux traditions locales, façonnant le paysage et stimulant l'économie de la région. Il est fort probable qu'une part significative des cépages rouges actuels trouve son origine chez les Illyriens. Par la suite, les Phéniciens, navigateurs et commerçants avisés, jouèrent un rôle crucial en initiant la commercialisation des vins du Salento à travers le bassin méditerranéen.


L'influence grecque sur les cépages locaux

Au VIIIe siècle avant J.-C., l'arrivée des colons grecs dans le sud de l'Italie, principalement en Basilicate et en Campanie, introduisit de nouveaux cépages produisant des vins plus corsés. Cependant, ces variétés ne connurent pas un essor rapide dans les Pouilles et le Salento. La raison en était simple : des cépages similaires existaient déjà. L'Aglianico, alors appelé Hellenico, en est un exemple frappant, demeurant longtemps cantonné en Calabre et en Campanie.


L'Époque romaine : Entre vin dilué et vin pur

À l'époque romaine, deux termes désignaient le vin : vinum et merum. Le premier se référait à un vin dilué avec de l'eau, souvent adouci avec du miel et de la résine. Le second, en revanche, désignait un vin pur et non altéré. Si le terme vinum a donné naissance au mot "vin" dans de nombreuses langues indo-européennes, merum a perduré uniquement dans les dialectes des Pouilles. Aujourd'hui encore, dans certains dialectes locaux, un bon vin est appelé mijer ou mieru. En albanais, le mot mïre signifie toujours "bon" ou "bien fait". Il est vraisemblable que le vin produit dans le Salento était plus proche du merum que du vinum... D'ailleurs, l'étymologie du Negroamaro, cépage emblématique du Salento, pourrait dériver de niger merum, signifiant "vin noir".


L'expansion viticole au XIXe Siècle : une opportunité liée au Phylloxéra

Entre 1870 et 1890, alors que Louis Pasteur commençait à peine à élucider les mystères de la fermentation alcoolique en France, la superficie des vignes cultivées dans les Pouilles connut une expansion spectaculaire, passant de 90 000 à 300 000 hectares (environ 40% du vignoble français actuel de l'époque !). Les cépages privilégiés pour cette expansion furent le Nero di Troia, le Primitivo et le Negroamaro. Cette transformation ne résultait pas d'une stratégie planifiée, mais plutôt d'une opportunité saisie grâce au travail acharné des paysans et des petits propriétaires terriens. L'élément déclencheur de ce changement radical fut l'explosion de la demande en vin en provenance de France, dont les vignobles étaient ravagés par le phylloxéra. En une décennie, ce fléau décima le vignoble français. C'est dans ce contexte dramatique qu'un accord commercial fut signé entre la France et l'Italie le 17 janvier 1863. Dans les Pouilles, des investissements considérables furent réalisés pour rendre cultivables des terres souvent rocailleuses ou marécageuses. Les prix élevés atteints par les raisins et le vin stimulèrent et rendirent possible la plantation de ces nouveaux vignobles. Cependant, une vingtaine d'années plus tard, avec le replantage des vignes françaises sur des porte-greffes américains résistants au phylloxéra, la France réduisit ses importations, contraignant la région des Pouilles à rechercher de nouveaux marchés à l'exportation. En 1892, l'Italie signa de nouveaux accords commerciaux pour l'exportation des vins des Pouilles avec l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne.


Aspect et symptômes du Phylloxéra

Le XXe Siècle : crise du Phylloxéra et adaptation pour la production de masse

Malheureusement, comme on pouvait s'y attendre, à partir de 1919, le phylloxéra frappa durement la région du Salento et l'Italie dans son ensemble. En cinq ans, la production locale chuta de douze à deux millions d'hectolitres. Les nouveaux vignobles furent anéantis, et il fallut des décennies aux vignerons pour se remettre et restaurer leur patrimoine viticole ancestral. La reconstruction des vignobles offrit cependant l'opportunité d'introduire des adaptations significatives, notamment pour la production à haut rendement de Primitivo et de Negroamaro. Le vin coloré, alcoolisé et peu acide produit alors était idéal pour "enrichir" certains vins français lors d'années pluvieuses ou peu ensoleillées. Cette orientation vers une production intensive permit des exportations notables des vins des Pouilles, mais se fit au détriment de l'élaboration de vins de qualité.


Production de masse dans le Salento

La fin du XXe siècle : vers une valorisation de la qualité

La fin du XXe siècle marqua un déclin constant de la production de vins "de coupage" et à bas prix. Inversement, l'élaboration de vins d'appellations D.O.C. (Denominazione di Origine Controllata) connut une croissance continue. À l'instar de la majorité du paysage viticole européen, les vins de qualité médiocre se firent de plus en plus rares, cédant la place à une qualité en constante progression.


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